Bernard Marie Collet

© Bernard Collet


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Ma formation fut classique : Académie Julian, puis Beaux-Arts de Paris. Le travail dans l’atelier du peintre ORAZI, m'a fait découvrir l'expressivité que peuvent avoir en elles-mêmes les matières, les couleurs et les formes, en dehors de toute représentation figurée. J’ai pu y côtoyer des peintres alors à leur maturité comme Édouard Pignon, Damian, Krajberg et leurs amis du Salon de Mai.

Apprendre à doser les pulsions des couleurs entre elles, les vibrations lentes et assourdies des bruns, la stridence des primaires, les profondeurs lourdes des noirs, la respiration forte des blancs, et puis, le plus subtil, l'influençable disponibilité des gris. Délicate alchimie où les balances devraient être fines pour pondérer échos et résonances. L'abstraction me fut ainsi une autre école.

Mais peindre c'est aussi représenter, c'est-à-dire présenter à nouveau, présenter à partir de ce que l'on perçoit, de ce que l’on sélectionne dans l'extraordinaire spectacle du monde créé. Spectacle où formes et couleurs émanent d'un ciel, d'un champ ondulant sous le vent, d'un visage entrevu, ou d'une silhouette qui passe. Formes et couleurs sont alors indissolublement liées à une réalité existante et sur la toile elles seront les seuls médiums pour l'évoquer.

Pour moi peindre un paysage, un portrait, un événement est une façon de m'approprier ce qui m'est extérieur. C'est isoler un fragment du réel, et tenter qu'il puisse vibrer encore à plat et autrement dans le plan limité de la toile.  C'est alors qu'il faut manier les balances abstraites de l'alchimie pour tendre à l'équilibre ou harmoniser les vibrations colorées, un peu plus de telle teinte ici, adoucir cette autre là, tracer peut être une oblique ici ou ajouter l'enfoncement de quelque noir ailleurs.  

Léonard de Vinci, conseillait d'observer de très près quelque vieux mur pour y découvrir dans ses irrégularités des possibilités de paysages entiers. On peut inverser cette démarche et regarder un paysage, un visage, un ciel comme une somme de formes colorées sans autre signification que celles de leur vibrations propres, ou de leur "poids" respectif et de leur localisation sur le plan. Ma peinture se veut ainsi une représentation du réel en même temps qu’une simple présentation d’un plan coloré abstrait. Abstraction et figuration sont comme mes deux jambes de peintre. Et boiter, est inévitable, je m’appuie tantôt plus sur une jambe que sur l’autre. C’est pour moi source de diversité, d’aventures, de renouvellement, voire de découverte. Peindre, c'est faire voir, et comme l’affirmait Maurice Denis, agencer formes et couleurs dans un certain ordre sur une surface plane pour s'adresser au regard. Aussi ce qui est peint ou dessiné ne devrait pas avoir besoin de littérature pour exister. Une toile, un dessin correctement élaboré existe par lui même, avec ses seuls moyens plastiques. Le titre même, est déjà bavardage...

Mes travaux tournent autour de la Nature et de l’Histoire. La nature ? c’est la permanence , la rassurante régularité des cycles naturels. Peindre le bombement des collines, quelques buissons dans la fraîcheur des forêts, dessiner le cheminement des sèves aux nervures des feuilles, suivre du pinceau le lent gonflement d'un nuage, cela exprime ma nostalgie urbaine pour des espaces peu humanisés... 

L’histoire ?  C’est au contraire le temps linéaire, celui qui passe et ne revient pas. Dessiner les vestiges de ce qu’il en reste, quelques fragments de statues brisées ou quelques marches érodées au cœur d'un paysage végétal ce n'est pas pour moi un exercice académique, mais un hommage à ce qui fut et qui inexorablement se résorbe dans la vaste indifférence des cycles naturels. À la résonance du mythe pour nous évanouie, dont ces fragments antiques étaient le support, se substitue dans les cassures, les angles émoussés, les griffures, la conscience de la sédimentation des temps. Les re-présenter actualise ce qui a été dans un cycle contemporain, fait tendre vers une autre permanence, et assure mieux nos racines. Savoir au moins d’où l’on vient à défaut de savoir où l’on va. N’est-ce pas un moyen de conjurer notre angoisse ? Et, là encore, à partir de deux différences, le retour cyclique et le défilement linéaire, tenter d’en faire deux complémentaires...

 

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Membre du groupe " Spotkania-Rencontres-Begegnungen " expositions en Allemagne : Darmstadt (septembre 2010) puis Heidelberg (octobre-novembre 2010 à la Galerie Melnikow), du 7 au 24 Avril 2011 à Berlin à la Galerie 'Kunstraum KO", puis du 20 mai au 15 Juin 2011 en Pologne à Varsovie à la galerie Delfiny, enfin en Juillet 2011 à Paris à la Galerie Le roi Doré .


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